img
La colère des Boum et autres contes : une littérature humaniste et humanitaire

La colère des Boum et autres contes : une littérature humaniste et humanitaire

« Qu’écrivons-nous réellement ? » voilà l’interrogation par laquelle Habib Dakpogan, Prix du Président de la République 2015 pour PV Salle 6, roman publié deux ans plus tôt chez Star Editions a commencé sa préface dans Blues de Boue, un recueil de nouvelles de Grégoire Folly, paru en 2019 chez les Editions Savane du Continent. En réalité, cette interrogation a toujours été au centre des débats littéraires depuis toujours. Si la question n’a eu que des essais de réponses, c’est peut-être parce qu’elle n’a véritablement pas de réponse. Parce que la littérature elle-même est un concept dynamique, évoluant dans le temps, subissant avec les cultures et les hommes les grandes mutations de l’Histoire. Même si l’on ne saurait véritablement répondre à la question « qu’écrivons-nous ? », il n’y a aucun doute sur le pourquoi les écrivains, depuis toujours, écrivent. Et la réponse qui englobe toutes les réponses à cette question, à mon avis,  est celle de Mohamed Mbougar Sarr : on écrit pour poser de nouvelles questions.

La colère des Boum qu’on m’a chargé de présenter cet après-midi est une anthologie, un recueil de huit contes illustrés des mains du maître de la caricature béninoise Alexandre KOSSOKO. Paru chez les Editions Encres Universelles, il s’étend sur quatre-vingt-dix pages et s’ouvre sur une note de Camille SEGNIGNINDE, écrivain, journaliste, éditeur et président de l’Association Ecrivains Humanistes. Ici, dans ce livre où le fantastique naturel à l’univers du conte se mêle à l’engagement aussi bien artistique qu’écologique, le lecteur rencontre le souffle, le verbe dans toute sa splendeur. Le conte est un genre oral à la base. Et les auteurs ici dans cet ouvrage ont su donner à leurs textes le souffle de la parole.

La littérature est le miroir fidèle des idées à en croire Lylian Kesteloot. On n’écrit pas véritablement. On s’écrit. On écrit sa société, ses déboires, ses aspirations, on peint sa beauté, sa laideur, on caricature ses errances, dénonce ses phobies. C’est exactement ce qu’a fait les huit auteurs de ce collectif. Vous verrez dans les pages de ce livre notre monde, notre planète au bord de l’effondrement, notre terre qui fond sous la chaleur, les forêts qui s’embrasent, les cours et plans d’eau qui tantôt tarissent et tantôt montent jusqu’à engloutir des terres. Les Boum sont en colère. Et c’est Sylvia Amadou qui nous le rappelle. Le royaume d’Edeti, c’est chez vous, c’est chez moi. La chaleur est caniculaire, les récoltes sont médiocres. Aude Babatoundé Kouderin nous met en garde. Le déboisement met en péril notre monde. L’avenir du jeune garçon et de l’arbre est en jeu, c’est ce que vous devriez retenir du conte de Komla Elom Parfait Avlegou. L’Iroko dans la forêt craint pour sa vie. Il ne veut pas finir en bois, en table. Vivien Zanou nous appelle à la vigilance. Le poisson dans l’eau est un patrimoine. On ne doit pas tout pêcher aujourd’hui au risque de nous retrouver dans une famine sans précédent à l’avenir, telle est la mise en garde de Midokpè René Avocétien. La cupidité de l’homme, sa volonté à tout détruire pour construire son hypothétique paradis est préjudiciable à l’environnement, voilà l’enseignement à tirer de la calebasse mystérieuse de Tchédji André. Dieu n’est pas qu’un grand barbu. Dieu est nature, Il est animal, Il est végétal. Adorer Dieu implique donc la protection de l’environnement à en croire Sègbégnon Gérard Tantan. « La forêt nous protège, elle est vivante ; si vous la vexer, elle devient cruelle envers nous ». Il faut surtout protéger l’environnement pour la survie de notre espèce comme nous le recommande Modi Aliou Boubacar.

La colère des Boum est une littérature engagée. Chaque phrase de ce recueil est une ode à la nature, un appel à la protection de l’environnement. C’est en ça que je salue le projet qui a permis la publication de cet ouvrage. N’hésitez pas à vous procurer votre exemplaire, mais surtout, ne le lisez pas. Méditez chaque phrase de ce livre. Et agissez. Sauvez notre espèce, protégez l’environnement. C’est ce qui fera de La colère des Boum est une littérature humaniste et humanitaire.

Je vous remercie.

Salim-Ghislain CYA.

img

Collège de Savants

Collège de Savants est un blog pluridisciplinaire ayant pour  but fondamental la suscitation et l'instigation des passions en chaque humain, en chaque jeune...

Autres Publications connexes

Aucun commentaire

Laisser un Commentaire