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JOBALA GANG OU L'ÉCRITURE COMME UN SACERDOCE

Jobala Gang ou l’écriture comme un sacerdoce

La littérature comme art, l’écriture comme thérapie. « Écrire, c’est pouvoir mourir en paix. Mourir seul – on meurt toujours seul. [On écrit] peut-être pour cracher [ces] gélules » que tente de nous faire gober la société. (PV Salle 6, p.9, Habib Dakpogan).. Imaginez ce que serait Notre Dame de Paris s’il avait été écrit par Paul Hazounmè ou par Jean Pliya ? Une certitude, si Doguicimi avait été écrit par Camus, il serait beaucoup plus une étude anthropologique plutôt que le roman historique que nous connaissons tous. Car, l’« Autre » pour « Soi » s’apparente beaucoup plus à un horizon à explorer, une société à étudier qu’à une culture à vendre, une histoire à écrire.

Ainsi pour moi, un écrivain est avant tout un égocentrique. Oui, le bon écrivain pour moi se doit de s’écrire. Son monde, c’est sa société. Il se doit de camper ses personnages dans sa communauté. Parce que moi, quand je prends un livre de fiction, ce n’est pas pour voyager. Non, je laisse cette tâche aux livres religieux et à la spiritualité. Moi, quand j’ouvre un livre, c’est mes propres craintes, mes propres ignorances, mes fausses croyances que j’aimerais découvrir.  Chaque fois que je m’engage dans une lecture, c’est la psychologie de mes semblables que je voudrais comprendre, les coins et recoins de ma ville, de mon village que j’ignorais et ceux que je connaissais mais que je peux redécouvrir avec plus de charme, plus de laideur. Pour confidence : je n’ai jamais trouvé en Les Misérables d’Hugo un chef-d’œuvre, parce que leurs « misérables » ne sont pas nos misérables quoique la misère humaine reste la misère humaine. Et sur ce point, les ouvrages de Destin Akpo m’ont toujours conquis.

Destin Akpo est l’une de ses voix qui portent notre société actuelle. Prêtre de l’église catholique, l’homme fit son entrée dans le paysage littéraire béninois en 2017 en tant que blogueur. En effet, avec un groupe de passionnés de littérature, il a cofondé Biscottes Littéraires, un blog qui a permis de mettre en lumière plusieurs plumes émergentes. En 2021 alors que le monde entier vivait en réclusion forcée, il fit de son profil Facebook l’arbre à palabre sous lequel les vieux du village venaient nous raconter avec humour leurs histoires, nos histoires. C’est la naissance de Colorant Félix sorti officiellement avec le recueil de nouvelles A toi qui t’en va. En 2022, paraissait Dieu n’est pas con, son deuxième roman.

Après une finale du Prix Orange du livre Africain en 2022 et deux finales du Grand Prix Littéraire du Bénin (2022 et 2023) avec son roman Colorant Félix, l’homme est désormais facilement reconnaissable de par son style, son monde et l’onomastique dans ses ouvrages. Cet après-midi, j’ai la responsabilité de vous présenter sa toute nouvelle parution : Jobala Gang. Recueil de 7 nouvelles étendu sur 125 pages, l’ouvrage vient juste de paraître aux Éditions Savanes du Continent. De Parakou que l’homme semble bien connaître à Madrinvidé, sa terre natale, il embarque le lecteur dans une aventure émotionnelle.

Destin pour moi est un auteur authentique. Oui, son œuvre reflète ses origines. Le sentiment d’appartenance que je recherche dans mes lectures est présent le long de ses textes. Entre Titigouéti qui se ferait peut-être guillotiner par son beau-père Le commissaire Volcan pour avoir commis la maladresse de « souffleter » sa fille et le « cher Serge » de Rose qui est pris en sandwich dans un choix cornélien (honorer ses parents ou suivre son cœur et être reconnaissant) et Trésor qui devrait vivre sans son pépé et ami Yaovi frappé par la faucheuse, vous visiterez le marché d’Arzèkè à Parakou, marcherez dans les monticules des plages du littoral, parcourrez les hameaux de Drè.

Le père Noël existe-t-il vraiment ? Que se passe-t-il quand un enfant perd son protecteur ? Pourquoi ne  fallait-il pas avoir l’un des quatre salopards à dos ? En attendant le commissaire Volcan, Amour pointu, La Benjamine de Pépé, Mon journal de faim d’année, Le rêve de ma mère, Jalousie mâle sont des pièces qui mènent toutes à un même puzzle : le Jobala-Gang.

Chaque phrase de ce recueil résonne comme une homélie, chaque paragraphe comme un évangile, chaque nouvelle comme une prédication. Jobala Gang, c’est une écriture sacerdotale. Si vous êtes amoureux de la littérature, je peux vous rassurer que vous adorerez lire Jobala Gang de Destin Akpo. Si vous ne l’étiez pas encore, eh bien, Jabala Gang vous rendra accro à la littérature.

Je vous remercie !

Salim Ghislain AHOUANSÈ

Salim Ghislain AHOUANSÈ, Responsable éditorial de Légende édition.

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