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Présentation du livre "Dans Les Limbes" de Florent HOUNDJO par FENU CLUB

PRESENTATION DE L’OUVRAGE DANS LES LIMBES DE FLORENT HOUNDJO

Extrait de la page 41 à la page 43 à lire

« L’imagination sans connaissances peut créer de belles choses, la connaissance sans imagination ne peut créer que des choses parfaites », disait Albert Einstein. Nous, nous ajouterons que l’imagination et la connaissance ne peuvent engendrer que de belles choses parfaites. Cela aurait été tout autre que nous n’aurions pas cette œuvre qui nous rassemble aujourd’hui. Cette œuvre, dont de la première de couverture à la quatrième de couverture nous renseigne sur le degré d’imagination combiné à celui de la connaissance qui s’y trouve à travers la répétition du verbe imaginer en début de chacun des trois paragraphes. Cela aurait été tout autre que cette œuvre, autour de laquelle nous discutons n’aurait pas remporté tout récemment le Grand Prix Littéraire du Bénin 2023. 

Mesdames et Messieurs, bonjour! 

Au plaisir pour nous de recevoir parmi nous aujourd'hui, au sein du club de lecture un écrivain protéiforme, de surcroît un Grand Prix Littéraire qui a déjà fait ses preuves et continue de le faire dans la littérature béninoise. Il n'a ménagé aucun effort avant de répondre à notre attente et ne s'est pas fait prier non plus avant d'accepter notre invitation. Il a juste fait montre d'une humilité sans égale. 

Cher, Florent HOUNDJO, Bonjour!

 Alors, il nous choit l'honneur aujourd'hui, NOUS, Membres de la section critique littéraire de FENU CLUB, de parler de votre œuvre en votre présence. Ceci n'est d'ailleurs pas une tâche facile. 

Mesdames et Messieurs, nous ne saurions commencer la présentation de l'œuvre à succès de Florent HOUNDJO, comme bien d'autres de ses œuvres d'ailleurs, sans d'abord vous parler de qui est en réalité Florent HOUNDJO, l'excellentissime homme devant vous et ensuite nous attarder sur l’intéprétation de la couverture de l’oeuvre car la forme c'est le fond en miniature, dit-on. Et après nous vous parlerons du fond de l’ouvrage. 

Nous vous prions donc chers Messieurs et dames de nous prêter une oreille attentive. 

I-BIOBIBLIOGRAPHIE DE FLORENT HOUNDJO

Florent HOUNDJO est né le 07 septembre 1987 à DÉKANME dans la commune de Kpomassè. Après son baccalauréat, il a fait les études supérieures en lettres modernes, couronnées par une maîtrise. Il est aussi diplômé de cycle 1 de l'Ecole Nationale d'administration, option administration du travail et de sécurité sociale. A ce titre, il exerce en tant qu'inspecteur du Travail au Ministère du Travail et de la Fonction Publique. Il est également titulaire d'un master 2 en Genre et en Gestion des Projets de développement. Par ailleurs, Florent HOUNDJO est un grand passionné des lettres. En 2020, il fut lauréat (2ème prix) au concours de nouvelles Plume-Pro-PME organisé par l'ANPME. Quelques mois plus tard, il publia son premier roman, SOIXANTE-NEUF, finaliste du Grand Prix Littéraire duBénin en 2021 et présélectionné dans le cadre du Prix LES AFRIQUES, la même année. En 2022 paraît son deuxième livre, DANS LES LIMBES, une pièce de théâtre, couronnée GRAND PRIX LITTÉRAIRE DU BENIN en 2023.

II-PRESENTATION DE LA COUVERTURE

Sur la première de couverture, on voit une image qui occupe plus de la moitié de la surface; une sorte de brouillard ou de nuages qui apparait comme une barrière, une frontière, un seuil avant de pénétrer dans un ailleurs, dans l'autre monde. Cela peut symboliser une confusion de l'esprit, une dissimilation...Tout juste en dessous de cette image, on voit respectivement le titre de l'œuvre Dans les limbes, s'ensuivent le nom de l'auteur et le genre littéraire, Théâtre, tous écrit en noir sur un fond blanc. Cette couleur noire utilisée peut suggérer l'idée de mort, de tristesse, de mélancolie. Elle peut aussi renvoyer au vide, au mystère...Complètement en bas, apparait la maison d'édition, centré au milieu, Savanes du Continent.

Pour finir, un saut à la quatrième de couverture nous laisse voir un peu plus haut, dans l’angle gauche le nom de l’auteur et le titre de l’oeuvre, en bas une note écrite de la gauche vers la droite par Bénilde Akambi, en dessous une photo de l'auteur accompagnée d'une courte biographie puis complètement en bas, le numéro agrément du livre, ISBN.

Quelle est donc cette histoire dont nous traite ce dernier ouvrage phare de l’auteur ? Que peut-elle avoir de si captivant ?

III-LA FABLE DE LA PIECE THEATRALE

Comme le dit le titre de la pièce théâtrale, tout se passe dans les limbes. Un univers couvert de brouillard et rempli d’âmes. Des âmes qui, attendant leur jugement dernier, errent sans pour autant se voir dans cet univers au sein duquel ils se retrouvent après leur mort sur la terre. Florent HOUNDJO nous fait découvrir dans ce monde, quatre personnages marquants de l’histoire du continent africain. Ils apparaissent successivement et retracent leurs parcours terrestres à travers des répliques sarcastiques et réciproquement accusatrices. Ce fut d’abord Félix Houphouet-Boigny et Thomas Sankara, deux anciens présidents aux idéaux diamétralement opposés qui se croisèrent. Thomas fustigeant Houphouet-Boigny pour sa félonie durant tout son parcours politique et Boigny se défendant tout en critiquant à son tour Thomas pour s’être fait duper par un soi-disant ami qui le propulsa dans les abysses de ces limbes dans lesquels il se retrouvait. Une sorte de trêve survint dans leur discussion qui prit aussitôt fin avec l’arrivée d’une autre âme qui n’était autre que celle de Sékou Touré. Thomas Sankara trouva ainsi un allié qui plus est,un de ces ancêtres avec qui il partageait le même concept du Panafricanisme. Les répliques houleuses reprirent de plus belle jusqu’à ce que Boigny ne proposa un consensus selon lequel ils devraient tous ensemble trouver une solution pour régler les problèmes de l’Afrique surtout celui lié à l’ingérence de la France. Thomas proposa la rédaction d’une charte. Ce qui fut fait avec la participation des trois présidents. Vint le moment de donner son approbation solennelle pour approuver la charte. Une autre âme survint au moment où se fut le tour de Boigny. C’était celle de Charles de Gaule qui interdit à Boigny de prendre part à une telle initiative. Ce dernier, fidèle à sa nature de toutou des Européens, renonça à la signature de la charte. C’est dire que même devenus âmes, les hommes ne perdent en rien leur personnalité.

IV-ETUDE DES PERSONNAGES

Quatre personnages interviennent dans cette histoire.

Silhouette 1: Fantôme de Houphouet-Boigny. Homme d'État ivoirien et ami de la France, il nous est présenté Dans les limbes comme un véritable traître,comme un grand poltron qui a préféré l'option de la paix, d'une vie moins stressante et moins douloureuse pour son peuple et pour lui-même. En parlant de lui, la silhouette 3 déclare à la page 53: “Il n'a pas d'amis; il n'a que des intérêts qu'il défend et sauvegarde à tout prix, même s'il lui faut livrer ses frères à l'ogre colonial”. Il joue au plus malin avec ses compères du début à la fin de l'histoire.

Silhouette 2 : Fantôme deThomas Sankara. Homme anti-impérialiste, révolutionnaire, communiste et panafricaniste, il est le chef d'État de la République de Haute-Volta rebaptisée Burkina Faso. Très jeune érudit, il est assassiné sur ordre de son frère Blaise Compaoré à la suite d'un coup d'État fomenté avec l'aide soupçonnée de la France. Très dévoué au travail bien fait et conscient de la domination française, il invite ses interlocuteurs Boigny et Sékou Touré à l'élaboration d'une charte pour le développement de l'Afrique.

Silhouette 3 : Fantôme de Sékou Touré. “Digne fils du continent, arrière petit fils de Samory Touré, grand précurseur de la valse des indépendances en Afrique noire”, il est le premier à rejoindre les limbes avant l'arrivée de ses confrères. Communiste, combattant farouche et panafricaniste visionnaire, il reconnaît ses erreurs commises sur terre et s'associe à son filleul Thomas pour le même objectif: voir l'Afrique prospérer et quitter le joug de l'impérialisme français.

Silhouette 4: Fantôme de Charles de Gaulle. Homme rusé et vicieux, il surgit dans le vestibule pour empêcher Boigny d'apposer sa signature sur la charte. Pour lui, l'hégémonie de la France doit continuer sur le continent africain jusqu'à la fin des temps. En jouant un rôle incontournable dans l'indépendance des pays africains, il est considéré comme l'un des dirigeants les plus influents de l'histoire. 

V-ETUDE THEMATIQUE

Dans son ouvrage, Florent Houndjo nous parle de l'Afrique. Ce sujet transparaît dès la première de couverture qui nous présente l'image d'une carte d'Afrique faite de nuage. Cette image occupe environ 3/4 de la page de couverture et représente un résumé graphique de l'histoire à l'intérieur de la pièce: l'Afrique qui se trouve dans le brouillard des cieux. La carte de l'Afrique représentant les trois grandes personnalités politiques africaines et l'espace étant les nuages.

C'est autour de cette Afrique que les personnages qui composent cette pièce sont porteurs de thèmes divers. Ainsi, Dans les limbes traitent de plusieurs préoccupations. Il s'agit notamment de l'hégémonie française, du panafricanisme, de la trahison, de la politique des dirigeants africains.

L'hégémonie française

L'hégémonie de la France sur l'Afrique se réfère à l'influence politique, économique et militaire prépondérante de la France sur de nombreux pays africains depuis la fin du XIXe siècle. Cette hégémonie s'est construite autour de la conquête coloniale française, de la mise en place d'un système coloniale qui a favorisé l'exploitation massive et abusive des ressources naturelles africaines par la France et les entreprises françaises. Après la Seconde Guerre mondiale, la France a maintenu son emprise sur l'Afrique en développant des relations économique et politiques avec les États africains indépendants, perpétrer “des génocides et des guerres” p.95 et en soutenant des régimes autoritaires et dictatoriaux qui ont favorisé ses intérêts économiques et stratégiques. Nous pouvons ainsi lire à la page 86: “Vieux, la conclusion qui se dégage de tout ce film que nous venons de suivre, c'est que la posture de la France n'a pas changé depuis toujours. Bien au contraire, l'ancien colonisateur tente de restaurer son hégémonie sur ses anciens territoires. Je constate que la politique française en Afrique est restée inchangée. La France n'a pas d'amis. Elle n'a que des intérêts. Et elle s'arrange toujours pour avoir ses hommes à la tête de nos États”. C'est dire que la France s'efforce de toujours maintenir les États africains sous ce joug qu'elle a instauré depuis la colonisation. Ce sont juste les méthodes qui ont été diversifiées. La trahison est l'action de violer un serment, une loyauté ou une confiance en agissant contre l'intérêt de ceux à qui on a promis d'être loyal. Cela peut se manifester par des actes de déloyauté, de traîtrise ou de parjure. Dans le contexte où nous sommes, la trahison peut être définie comme l'action de violer les liens d'amitié et de solidarité. En effet, c'est par l'intermédiaire de l'un de ses amis qu'il considère comme son frère Blaise Compaoré que Sankara est mort assassiné. La trahison de Houphouët- Boigny à la fin de l'histoire est la marque flagrante de tous ces coups que se portent les dirigeants africains sous l'influence du colonisateur.

Le panafricanisme

Le panafricanisme est un mouvement politique et social qui promeut l'unité et l'amélioration des conditions de vie des peuples africains. Thomas Sankara et Sékou Touré étaient des dirigeants africains qui ont joué un rôle majeur dans le développement et la propagation du panafricanisme. La Silhouette de Houphouet-Boigny nous aide à mieux comprendre le sens profond du panafricanisme lorsqu'il affirme: «...le véritable panafricanisme, ce ne sont pas des mots; c'est du concret, du palpable. Garantir la paix, la sécurité et nourrir le peuple. Projeter la joie sur le visage des femmes et des enfants. Assurer la floraison des assiettes : c'est cela le patriotisme; c'est cela le seul sens du panafricanisme, le seul qui vaille. Tout le reste n'est que du pipeau, du bluff ». Thomas Sankara, le président de la Haute-Volta (aujourd'hui BurkinaFaso), a été un fervent défenseur du panafricanisme. Il vise à améliorer les conditions de vie des habitants de son pays en mettant l'accent sur l'éducation, la santé et l'autosuffisance. Il a aussi encouragé l'unité et la coopération entre les pays africains.

Sékou Touré, le président de la Guinée, a également été un fervent défenseur du panafricanisme. Il a lutté contre le colonialisme et la domination économique des pays occidentaux en appelant à l'unité des pays africains.

VI-ETUDE STYLISTIQUE

La particularité de tout auteur réside dans son style, dans sa manière propre à lui de développer tous les thèmes dont il traite dans son ouvrage. La particularité de Florent HOUNDJO réside ici dans le ton à la fois réaliste et satirique qu’il emploie. Il nous replonge dans ce passé assez mouvementé et chaotique de l’Afrique pour nous faire voir les problèmes qu’a subi et continue de subir ce continent avec un brin d’ironie. Il charrie un certain nombre de stéréotypes ou de clichés sur le « Chef d’Etat africain ». Tout cet ensemble transparaît si bien dans le passage suivant aux pages 50-51 : 

«Définitivement, je me rends compte que le séjour d’un tronc d’arbre dans un fleuve ne peut jamais le transformer en crocodile. Houphouet, je te retrouve avec les mêmes tares : traître, arrogant et vantard.Veux-tu que je dévoile le potauxroses ? Le développement socioéconomique de ton pays avait un prix : la destruction des Etats voisins. Tu t'es comporté exactement comme un champignon sauvage: germer et fleurir sur la dépouille des autres». 

La particularité de Florent HOUNDJO réside ici dans cette interférence linguistique qu’il a pu inscrire dans ses écrits. On peut lire des expressions du dialecte africain comme : attalakou, gaou, gnamokodé, faforo. Cette particularité, c’est aussi quand il cite de grands penseurs comme Socrate à la page 28, ou quand il fait allusion à des auteurs comme Ousmane Sembène à la page 50 ou mieux encore quand il nous abreuve de connaissances à travers des phrases propres à lui telles que : « La lumière a toujours été combattue par la grande majorité. Car elle dévoile toutes nos laideurs » (Page68) ; « Souvent une mort précoce et injuste est une garantie d’immortalité » (Page60) ; « La vie est un rapport de forces. On gagnerait en vie et en argent en se soumettant au plus fort du moment » (page53). Cela dénote d’un esprit assez cultivé et d’un parcours riches en expériences.

Florent HOUNDJO avec Dans les limbes, c’est aussi une pièce théâtrale qui, du point de vue de sa structure présente une facture politique inspirée par la gouvernance politique des dirigeants africains. C’est également une œuvre où nous retrouvons des figures de figures de rhétorique. Il s'agit entre autre de:

La périphrase: cette substitution d'un mot par une expression qui la définit transparaît dans certaines répliques et didascalies. À titre illustratif, nous pouvons citer:

« sentinelles aux ailes majestueuses » pour désigner les anges;

« Le plus Grand Magicien de la vie et de la mort ; l'Être le plus controversé de l'existence ; Célebre Inconnu » en référence à Dieu

« le bûcher éternel» pour désigner l'enfer

« l'Hexagone» pour désigner la France

« L'empire du Milieu » pour désigner la Chine...

La personnification: cette représentation d'une idée abstraite sous les traits d'une personne se remarque à travers les passages:

« Ma sympathie à l'endroit de ce gars est entrain de mourir»

« La paix a foutu le camp »

« La force et la brutalité ne sont que des armes précaires»

« La France n'a pas d'amis»

« Tu n'as connu que les étreintes chaudes de la France »

« Notre Afrique qui se meurt »

La métaphore: cette comparaison sans comparatif est notamment remarquable dans la réplique du fantôme de Thomas Sankara à la page 42 dans laquelle il dit de sa « troisième jambe» qu'elle n'est « qu'un instrument que nous avons abandonné sur le quai de la vie», comparant ainsi la vie à la gare d'un chemin de fer; celle du fantôme Boigny lorsqu'il affirme à la page 74 en parlant des forces d'intervention françaises « Ce sont nos fidèles alliés, nos pompiers favoris» ou encore lorsque le fantôme de Sékou Touré affirme à la page 89 en parlant de la Guinée qu'elle « s'est retrouvé seul dans la gueule de De Gaulle». Cette réplique qui reprend l'expression « se retrouver dans la gueule du loup» compare De Gaulle à un loup. Les marques du théâtre sont également fortement présentes. Une pièce composée de quatre personnages nommés silhouette pour mettre l'accent sur leur état de morts, sans corps mais juste avec des esprits. Des didascalies qui nous décrivent la scène, l'espace où se déroulent les actions. Des répliques qui nous font imaginer les voix de chaque personnage. Tous ces éléments contribuent au caractère esthétique du texte qui apporte un plus à la littérature africaine en générale et celle béninoise en particulier.

VII-POINT DE VUE CRITIQUE SUR L’ŒUVRE

Partant du fait qu'aucune œuvre humaine n'est parfaite, nous ne pourrons nous réserver de porter un regard critique sur l'œuvre de Florent HOUNDJO. Nous précisons à l'abord que ce n'est point une critique déconstructive ou acerbe mais plutôt objective. 

Alors, à l'instar des pièces de théâtre d'inspiration classique, Florent s’est servi aussi de l'un des termes utilisés (et en vogue au 17è siècle) pour le découpage dramaturgique. Ceci est évident avec les didascalies fonctionnelles où on peut lire Scène 1, Scène 2, Scène 3 et ainsi de suite. C'est dire qu'il ne fait pas comme certains écrivains contemporains qui font le découpage à leur guise et en fonction de leur génie créateur. Par exemple dans La Rue Bleu de Geovanie HOUANSOU les grandes étapes de l'action sont désignées par Temps 0, Temps 1, Temps 2 et ainsi de suite.

Dans les limbes est une œuvre de l’esprit qui nourrit l’esprit tant sur le plan de la littérature que sur celui de la culture historique. Pour ceux qui souffraient d’une défaillance en culture historique, il s’est présenté comme un remède. Pour ceux qui en avaient un trop plein, il a été un marqueur de détails. Aussi, nous permet-il de nous projeter vers l’actualité de plusieurs pays africains confrontés à des coups d’Etat incessants et à une politique de non-ingérence de l’Occident au sein des affaires de ces pays. M. Florent HOUNDJO marque un point lorsqu’il propose des pistes de solutions à travers la charte rédigée par ses personnages aux différends maux dont souffrent les Etats africains.

 

 

Mais, il convient également de souligner que la mise en scène de cette pièce ne serait pas chose aisée car la particularité avec Florent HOUNDJO est que les personnages de sa pièce sont tous des morts qu'il place dans un espace théâtral céleste. Nous nous sommes demandés si Florent HOUNDJO s’est fait une vision de mise en scène en écrivant sa pièce comme tout auteur dramatique d'ailleurs qui, en écrivant son texte développe une conception plus ou moins claire de sa mise en scène. Florent HOUNDJO ne laisse pas la tâche facile aux metteurs en scène d'élaborer le projet de mise en scène. Il envoie tout metteur en scène à se remettre en cause pour créer, à penser toutes les possibilités dramatiques qui s'offrent à lui pour un spectacle de théâtre bien réussi. Est-ce qu'il faudrait faire jouer que des fantômes, des morts sur la scène? Faire voir l'invisible à un public de visible ou qu'il faut faire cohabiter les deux mondes sur la scène déjà avec les comédiens qui auront un rôle à porter? Autant de questions qu’un un metteur en scène pourrait se poser. 

 Nous pouvons remarquer une certaine désinvolture dans la saisie du texte de la pièce. Une désinvolture qui se veut remarquable dès la page de présentation des personnages où nous pouvons noter que la lettre «F» du mot «Fantôme» au niveau de la Silhouette 1 est écrit minuscule alors que la lettre «F» du mot «Fantôme» des Silhouettes 2,3 et 4 est écrit en majuscule. À cela s'ajoute à cette même page la taille de police de la Silhouette 4 qui est plus petite que celle des autres Silhouettes. Nous pouvons aussi remarquer à la page 90 l'expression «locomotive de l'Ooccident», ou encore à la page 108 «validons notre Ccharte» avec les mots «occident» et «charte» mal orthographiés. 

Par ailleurs, Florent HOUNDJO étant un béninois, nous aurions aimé découvrir dans les pages de son œuvre une grande figure politique Béninoise. C’est avec un grand regret que nous avons constaté qu’il n’y en a aucun cas de figure. Cela nous amène a croire qu’au Bénin nous n’avons eu aucune personnalité digne d’être classé au même rang que ceux qui figurent dans l’oeuvre. Ou peut-être que c’est parceque ces personnages emblématiques dans l’oeuvre se connaissaient.

Par curiosité, nous nous sommes même demandés quelle serait la conscience d'appartenance de l'auteur à travers cette œuvre et à quelle littérature se revendique-t-il appartenir? Sans doute Florent est un écrivain francophone, considérant le critère de région, de langue d'écriture et de nationalité. Mais l'écrivain écrit pour qui? Pour les africains et le monde entier diront nombreuses de personnes. 

 Soulignons que c’est d'abord pour le Bénin, son pays. Nous osons ainsi l'accuser du fait qu'il n'y a pas eu un héros national dans le choix de ses «silhouettes», les personnages agissants même s'il en a fait mention d'un parmi tant d'autres «Ayikpé» à la page 82 dans « (...) Les cas d'Ayikpé (...) respectivement au Dahomey (...) ». Nous sommes conscients qu'il ne pourrait prendre tous les noms des Supers Héros africains ou tous ceux qui ont marqué le continent d'une manière ou d'une autre dans les luttes indépendantistes, postindépences, dans la gestion du pouvoir et autres pour écrire une pièce de théâtre mais s'il réussirait à le faire, nous prophétisons qu'il recevra encore le grand prix littéraire. 

Pourquoi pas un béninois dans les silhouettes ou il n'y en a aucun dans les limbes? Ou il n'y a de héros, de rustres, de traîtres, de sujets de la France, de communites et de panafricanistes que chez les autres ou hors de nos frontières qui sont dans les limbes ? Nous avions laissé la question en suspens espérant rencontrer un jour Florent pour qu'il puisse y répondre, et l'occasion est là. M. 

M. Florent HOUNDJO, nous vous prions de noter à l'avance cette question avant la vague des questions après nous.

Par analyse, nous avons pu déduire de la pièce que la France a toujours la main mise sur l'Afrique même dans l'au-delà avec certains africains toujours traîtres, soumis. Autrement, la CHARTE POUR LE RENOUVEAU DU CONTINENT aurait été adopté. Florent HOUNDJO a bien fait de commencer à travers sa pièce d'élaborer une charte pour une Afrique prospère et enviable, avec une possibilité d'assister à l'uchronie, reconversion de l'histoire. Cependant lui-même a fait foiré les plans par la silhouette 4. C’est vouloir trop dire de dire qu’il a juste manqué d'inspiration mais il prétend juste peut-être soumettre la charte rédigée en bonne et due forme les prochains jours à la CEDEDAO et aux organisations internationales pour adoption. Ce sera dans l’espérance que ce que les silhouettes n’ont pas pu les hommes le feront.

Enfin, Florent HOUNDJO se révèle plus historien, géographe, philosophe et juge qu'Ecrivain juste à travers la lecture de sa pièce. Il confirme de ce fait que le Théâtre est un art de représentation qui cohabitent avec plusieurs autres arts, tant dans l'écriture du texte théâtral que dans la mise en scène.

Cher Florent HOUNDJO, nous finirons cette presentation en souhaitant que la Muse vous inspire davantage. Merci!

FENU CLUB

 

FENU CLUB DE L'UNIVERSITÉ D'ABOMEY-CALAVI

Club de lecture et de la promotion de littérature.

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