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Jacques Noumonvi alias Premier Nomade et ses voyages

CS : Bonjour à vous. Merci de nous avoir accordé cet entretien dans lequel vous allez nous permettre de découvrir tout sur vos voyages à travers l’Afrique. Veuillez s'il vous plaît permettre à nos lecteurs de mieux vous connaître.

JN : Je suis Jacques Noumonvi, créateur de contenu, digital nomade et initiateur du Projet « Akwaba Cycle Trip ». Ce projet est bien plus qu’un simple défi personnel pour moi. C’est une occasion d’honorer une fois de plus ma promesse d’impacter positivement les personnes autour de moi.

CS : Vous n’êtes pas à votre premier défi. Le premier était la marche que vous avez initiée de Cotonou à Natitingou ! Qu’est-ce que ce voyage vous a appris et apporté ?

JN : Marcher de Cotonou à Natitingou a été pendant un moment ma plus belle aventure. Ce projet m’a apporté beaucoup plus d’assurance quant au fait qu’on peut relever de grands défis. Mais aussi socialement, j’ai appris à me rapprocher des gens, à demander. Tout cela a renforcé ma passion pour les aventures.

CS : Qu'est-ce qui vous a motivé à entreprendre ce voyage à vélo de Cotonou à Abidjan ?

JN : Les motivations sont diverses, mais je parlerai des plus importantes. Ce voyage à vélo de Cotonou à Abidjan est motivé par ma passion pour l’Afrique, mon envie et mon besoin de découvrir les communautés africaines et de contribuer à montrer une image de l’Afrique autre que celle de misère et de souffrance qu’on nous a souvent montrée. Ce voyage a été intitulé Akwaba Cycle Trip.

“Akwaba Cycle Trip - ACT" est une initiative passionnante visant à réaliser un voyage à vélo à travers l'Afrique. Le projet vise à explorer la richesse culturelle de la région tout en promouvant des valeurs telles que la bienveillance, l'entraide et la durabilité environnementale.

C’était aussi une belle occasion de participer à la CAN de l’hospitalité qui est un grand rendez-vous où plusieurs cultures se côtoient, interagissent. Il ne fallait surtout pas manquer cela.

CS : Quelle a été votre préparation physique et mentale pour ce voyage ?

JN : Mon parcours à pied, de Cotonou à Natitingou (530 km) en début de 2023, m’a appris énormément de choses sur ce genre d’aventure. Mentalement, j’étais prêt parce que je suis préparé à ce genre de défis. C’est le cas pour les autres participants, ils étaient déjà préparés mentalement d’une manière ou d'une autre. Physiquement, on n’était pas aussi bien préparés. Bien avant le challenge, on a refait quelques parcours à vélo à Cotonou et chacun faisait des exercices physiques chez lui. On a eu des séances de préparation physique aussi avec Daniellis Bancole, physiothérapeute. Une préparation qui a consisté en des séances de massothérapie, de manipulation, de massage.

CS : Quels ont été les défis les plus importants que vous avez rencontrés pendant votre voyage ?

JN : Les défis majeurs au cours de cette aventure étaient :

          -            La difficulté à pédaler sur de longs kilomètres. On n’était pas préparés à cela, mais on a fini par s’adapter avec le temps.

          -            La difficulté à trouver un hébergement. Parfois, quand tu te retrouves dans un milieu aride, c’est difficile de trouver un hébergement. On a dû dormir dans la rue une fois.

CS : Comment avez-vous géré les situations difficiles pendant le voyage ?

JN : Adaptation, toujours s’adapter à la situation en face. Une fois où on n’a pas trouvé d’hébergement, on a cherché à trouver la meilleure façon de dormir dans la rue. Les fois où il était difficile de pédaler, on a cherché à savoir la meilleure manière de faire tout en gardant les objectifs en tête.

CS : Comment avez-vous organisé votre voyage en termes de logistique et d'hébergement ?

JN : En termes de logistique, nous avions déjà les vélos et les accessoires qui nous ont été fournis par Koin Koin Vélo, en plus d’un appui technique pour nous dépanner au cours du trajet. Nous avons aussi bénéficié d’une trousse de premiers secours avec Daniellis Bancole, en cas de problème de santé. Nous avons durant ce parcours expérimenté plusieurs formes d’hébergement. Étant créateur de contenu, notre première approche était de contacter des hôtels ou des guest houses pour leur proposer de nous héberger contre un service de création de contenu vidéo. Cela intègre aussi l’esprit de notre projet de faire découvrir des endroits aux personnes qui nous suivent. Cela n’a pas toujours marché. Nous avons aussi dormi chez des habitants dans les communautés traversées. Et parfois, nous avons dormi dans la rue également.

Jacques Noumonvi et d'autres personnes
Jacques Noumonvi et ses coéquipiers

 

CS : Quelles ont été vos impressions sur les différentes villes et régions que vous avez traversées pendant votre voyage ?

JN : Nous avons traversé de grandes villes comme Lomé, Accra, Abidjan, mais aussi de petits villages. Chaque milieu avec ses réalités. Ce que je retiens par-dessus tout, c’est l’ambiance, la chaleur humaine, l’hospitalité des gens.

CS : Comment avez-vous vécu l'expérience de suivre la CAN en direct à Abidjan ?

JN : L’ambiance dans les stades, c’était juste magnifique, encore plus pour moi qui vivais l’expérience de la CAN pour la première fois. À part les stades, l’ambiance dans les rues d’Abidjan, dans les entreprises, tout respirait la CAN actuellement.

CS : Quelles ont été les rencontres les plus marquantes que vous avez faites pendant votre voyage ?

JN : Toutes les rencontres ont été marquantes, que ce soit positivement ou négativement. Il n’y avait pas de moindre rencontre, chaque rencontre était particulière.

Parmi les rencontres positives, nous avons plusieurs fois rencontré des gens qui nous ont hébergés, pris soin de nous sur le coup, sans nous connaître, nous ont fait confiance. Les rencontres négatives n’ont pas été nombreuses, je note juste la seule fois où on a été chassés d’une église catholique à Lomé parce qu’on cherchait un endroit où juste poser nos vélos et se reposer. C’est devenu une expérience plus négative parce que, à partir de là, nous sommes restés dans la rue et l'un d'entre nous s’est fait voler son téléphone ensuite.

CS : Dormir dans la rue est un choix compliqué qui s’est imposé à vous. Comment avez-vous géré cette expérience ? Qu’est-ce qui vous a marqué ?

JN : Déjà en se lançant dans une aventure pareille, il faut s’attendre à ce genre d’expérience, ce sont des choses qui peuvent arriver. La préparation mentale m’a aidé à ne pas stresser par rapport à cette situation particulière, mais de temps à autre, il fallait surveiller son sac et tout, ce qui a fait que je n’ai pas eu un sommeil assez profond malgré la fatigue.

CS : Avoir des objectifs est un conseil précieux pour celui qui vise et veut aller loin. Qu’est-ce qui a été l’élément motivateur à chaque difficulté ?

JN : Ne jamais oublier pourquoi tu as commencé. Je pense que cette phrase résume tout, du début jusqu’à la fin. Plus la raison est profonde, plus la raison est grande, moins ce serait facile d’abandonner. Si j’ai fait tout cela, c’est beaucoup plus parce que j’aime l’Afrique, j’ai envie de découvrir l’Afrique, partager socialement, culturellement les choses que je découvre. Ça c’est une chose qui m’a motivé, même dans les moments les plus difficiles. Ensuite je dirai de bien s’entourer. Le fait de savoir que beaucoup nous soutenaient, ça nous a aussi poussés à aller plus loin à chaque fois et surtout, aller jusqu’au bout.

CS : Vous avez dormi chez certains habitants, qu’est-ce qui vous a marqué chez ces habitants ?

JN : L’hospitalité ! C’était incroyable la manière dont on a été accueilli un peu partout où on allait. Les gens étaient prêts à nous aider même quand ils n’avaient pas les moyens. La preuve, on a réparé notre vélo plusieurs fois sans payer parce que les gens ne voulaient pas qu’on paye. L’hospitalité des gens est incroyable. Ça c’est moins ressenti dans les milieux urbains mais de façon générale, c’est un trait commun à tous ceux qu’on a rencontrés.

CS : Dites-nous, pourquoi avez-vous choisi le nom « Akwaba Cycle Trip – ACT » ?

JN : Le nom a été choisi à partir de la première édition, partie du Bénin à la Côte d'Ivoire en passant par le Togo et le Ghana. Ces pays partagent une même aire socio-culturelle : des Gen au Bénin, Ewe au Togo (tous Adja à l'origine), avec les Akan, au Ghana et Côte d'Ivoire, l'histoire nous rappelle que, de base, c'est le même peuple qui s'est installé dans cette région avant de se diversifier culturellement et linguistiquement. Mais, on retrouve des similarités ; on peut le voir ainsi dans les langues : pour dire "bienvenue c'est pratiquement pareil dans ces 4 pays : Kwabo, Akwaba. Il s'agit d'une randonnée à vélo, ce qui se dit cycle trip, en anglais. "Akwaba Cycle Trip" c'est ACT en acronyme, et ça fait "Act / (to) act" en anglais, "action / agir, poser un acte. Ce qui met en relief le but de sensibilisation du projet. Bien que ce nom soit spécifique au premier parcours déjà réalisé, il est représentatif parce qu'on retrouve ces mêmes similarités dans plusieurs régions d'Afrique.

ACT - Akwaba Cycle Trip

 

CS : Quels sont vos projets pour l'avenir après ce voyage à vélo ?

JN : Le projet directement en lien avec ce premier parcours, c’est d’organiser la deuxième édition de Akwaba Cycle Trip, qui va partir sans doute de la Côte d’Ivoire pour le Sénégal. En attendant de confirmer tout ça avec nos présents et futurs partenaires puisque nous organiserons ce parcours en étroite collaboration avec eux.

CS : Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes béninois qui ont des rêves et des projets similaires ?

JN : Mon message s’adresse plutôt à la jeunesse africaine, croyez en vous, forcez les portes s’il le faut mais vous devez accomplir les choses qui vous tiennent à cœur. Cela peut être dur au départ mais vous allez y arriver.

Légendes

CS : Collège de Savants

JN : Jacques NOUMONVI

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Houénafa Salomé KOHOUGBLA

Salomé Houénafa KOHOUGBLA est étudiante en troisième année des lettres modernes à l'Université de Parakou.
Passionnée des lettres et des beaux arts, elle travaille chez les éditions Beninlivres où elle est Directrice adjointe de communication & marketing et est aussi une chroniqueuse littéraire.
La lecture, la musique et l'écriture sont ses centres d'intérêt favoris.

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